La semaine dernière, je vous ai promis le pitch du Dernier fils et je suis bien embêtée. C’est vrai ça, comment on pitche un roman, qu’on a mis 23 ans à écrire (au secours) sans trop entrer dans le détail mais sans trop rester en surface non plus ?
Comment on donne à quelqu’un·e l’envie de lire son livre sans tomber dans la mendicité1 ?
Mais allez, sous vos yeux ébahis, j’essaye de me plier à l’exercice...
Le dernier fils, une histoire d’éveil politique et de vengeance
Il y a trente ans, les Terres de l’Âme ont connu une révolution politique et sociale, qui a renversé le pouvoir en place et instauré la dynastie d’Abalon. Gouverneur bienveillant et soucieux du bien-être de ses concitoyens, Abalon était rongé par le mal de l’astramans et sa mort a laissé un grand vide. C’est désormais son fils aîné, Hyriel, qui s’apprête à être sacré Gouverneur d’un pays en pleine révolution industrielle. La culture d’astramans, au cœur de l’activité agricole, a connu des progrès techniques sans précédent et atteint des rendements inégalés.
Si la révolution a renversé les classes dominantes, la société Amterroise reste une société de castes, assise sur la religion d’état : le Culte de Ramahl, dont les célébrations et rites ponctuent la vie quotidienne.
Dans la cité d’Abalon, toute la population s’active pour célébrer le sacre d’Hyriel, mais au milieu de cette effervescence, la vie suit son cours pour trois adolescent·es.
Dran vient de perdre son père et doit trouver un moyen de subsistance pour ne pas être une charge pour ses sœurs.
Géryl, fille d’un cultivateur aisé, vient d’être fiancée au garçon de ses rêves.
Ammemnor, dernier fils d’Abalon, décide d’entrer dans l’armée pour échapper aux préparatifs du sacre et au mauvais caractère du futur Gouverneur. Son rêve est de devenir pilote.
Tous trois n’ont pas conscience de la situation intérieure. Ils ne savent pas que sous ses dehors consensuels, le gouvernorat initié par Abalon est vivement contesté par une branche dissidente de la révolution. Depuis trente ans, les opposants se sont organisés en un groupe politique appelé le Mouvement Liberté. On ne sait pas grand-chose de ce mouvement puisque le gouvernorat s’évertue à en effacer toutes les traces (graffitis, tracts, radios pirates…). Pourtant, le rapport de force est sur le point de s’inverser.
Dran, Géryl et Ammemnor, vont, chacun de leur côté, traverser une tranche de l’histoire des Terres de l’Âme et découvrir les dessous cachés de la révolution d’Abalon en expérimentant, parfois durement, les hypocrisies de cette société.
Le dernier fils (titre de travail) aborde les thèmes du passage à l’âge adulte, de l’éveil politique, de l’anarchisme, de l’amitié et de la vengeance. L’histoire de Dran, Géryl et Ammemnor est racontée en deux tomes : le tome 1 consacré à l’éveil et le tome 2 consacré à la révolte. Je ne vous en dis pas plus pour garder quand même un peu de suspense sur ce qu’il va arriver à nos trois héros.
Vous l’aurez compris, je suis en train d’achever l’écriture du tome 1 (plus que trois chapitres !) et j’espère que ces quelques lignes maladroites vous donneront envie de le lire lorsqu’il sera disponible.
Lutter contre l’impatience avec l’aquarelle
Vous pourriez croire que, écrivant le même roman depuis 23 ans (au secours), je suis une personne patiente. Il n’en est rien. Je suis au contraire, assez impatiente, ce qui se traduit par une tendance à bâcler certaines choses quand j’en ai marre et que j’ai envie qu’elles soient finies. C’est très nettement le cas du dessin auquel j’accorde une certaine durée, que je n’ai pas du tout envie de dépasser.
Depuis que j’ai commencé l’aquarelle, pourtant, cette façon d’être est vraiment mise à mal, ce que je trouve très intéressant. Le but de l’aquarelle botanique est de représenter le plus exactement possible des végétaux dans leur moindres détails. On voudrait presque que la peinture donne l’impression qu’elle s’échappe du papier tant elle est réaliste. Or, pour ce faire, il n’y a pas vraiment de secret, il faut du temps.
Puisque l’aquarelle consiste en une succession de couches de peinture transparente les unes sur les autres pour créer de la profondeur et obtenir des couleurs vibrantes, on ne peut pas faire l’impasse sur quelque chose d’incompressible : le temps de séchage du papier. Si on est trop pressé, on court à la catastrophe et ce n’est pas ce que l’on veut.
Je n’avais pas cette conscience pratique avant de commencer l’aquarelle. Je ne savais pas ce que cela impliquait de laisser sécher couche après couche, en particulier lorsque l’on travaille sur un petit sujet. Cela veut dire attendre, poser son pinceau, arrêter les opérations de peur de faire des bêtises. Or, lorsque l’on est impatient·e et que l’on n’a qu’une hâte, c’est de voir terminée la peinture sur laquelle on travaille, c’est un réel défi de poser le pinceau et de ne rien faire.
Je me vois attendre quelques secondes puis toucher la peinture pour vérifier qu’elle est bien sèche, me rendre compte que pas du tout et piaffer de contrariété. Avec un médium sec, je foncerais tête de baissée, je me dépêcherais de finir pour rapidement passer à autre chose, quitte à bâcler un peu à partir du moment où le résultat me semble “acceptable”, mais là je ne peux pas.
Pire encore, à mesure que je vais vouloir peindre des sujets complexes, je n’aurais pas d’autre choix que de passer plusieurs jours sur la même peinture et vraiment, je pense que vous n’imaginez pas à quel point c’est un défi pour moi. À ce stade, c’est presque un exercice de développement personnel d’apprendre à accepter l’attente et de lutter contre la tentation de l’immédiateté du résultat.
Je vous assure que je ne m’attendais pas à ce que l’aquarelle m’apporte autant de joies et de réflexions lorsque j’ai décidé d’apprendre à peindre des petits fruits et légumes !
Bref, je continue mon apprentissage et je lutte contre ma frustration impatiente en attendant que le papier sèche.
Je vous remercie de m’avoir lue.
Il n’y aura pas de lettre les deux prochains dimanches car nous aurons toutes et tous mieux à faire entre Noël et le jour de l’An. Je reviens donc le dimanche 5 janvier 2024 avec, je l’espère, la merveilleuse nouvelle de la fin de l’écriture du tome 1 du Dernier fils.
Je vous souhaite en attendant de belles fêtes de fin d’année et un bon et doux dimanche.
Sur le blog cette semaine
Je vous en supplie, lisez mon livre, SVP