Dans le monde des opinions tranchées, il y a deux teams au mois de janvier : celle qui adore les bilans, les résolutions de nouvelle année et souhaiter des vœux à la terre entière et celle qui déteste. Je fais personnellement partie de la première team, quoique de façon modérée, je ne me vois donc pas commencer 2025 dans cette lettre et après une interruption de deux semaines sans au moins vous souhaiter une année aussi bonne que possible. J’espère que vous avez passé des fêtes à votre goût et que vous attaquez cette nouvelle année avec des émotions positives. Si ce n’est pas le cas, heureusement tout passe, en bien ou en mal, ce qui est à la fois triste et rassurant1.
Bref, au début je projetais de faire le bilan de cette première année écoulée sur Substack, mais à part vous dire que j’ai écrit plus de 49 000 mots depuis le début de cette lettre et que ça représente 106 pages d’un document word, je ne suis pas très inspirée, d’autant que j’ai déjà publié un bilan la semaine dernière sur mon blog et que j’ai horreur de me répéter2. C’est surtout que je me suis vraiment imposée deux semaines de vacances complètes et que je me trouve maintenant dans une énergie de rentrée avec l’envie de faire plein de trucs et de me projeter. Tant pis pour le bilan donc, mais je peux au moins vous parler de mes vacances et de si j’ai ou non rempli mes objectifs d’écriture.
Ces vacances de Noël ont été moyennement fructueuses. J’ai corrigé deux chapitres sur les trois ambitionnés, mais je n’ai pas écrit une ligne pour mon projet de résidence d’écriture à la Marelle (sur lequel j’ai travaillé cette semaine et envoyé dans la foulée). Ça aurait pu être mieux dans un monde idéal, mais c’est déjà pas mal. On ne va pas se mentir, j’ai surtout passé beaucoup de temps à coudre et tricoter et à manger des gâteaux.
Bien sûr, j’aimerais que les corrections de mon roman avancent plus vite et je voudrais déjà le voir terminer plutôt que galérer sur le chapitre 10, mais on n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie.
Outre l’écriture, j’ai pratiqué le dessin pendant mes vacances en me tenant à un petit projet de carnet de croquis sur le vif presque au quotidien. Mon intention/objectif prioritaire pour cette année 2025 c’est de travailler dans le sens de pratiquer mon art en vue de l’améliorer. Or, le dessin d’observation, en particulier avec des sujets vivants est à la fois très difficile et très formateur. J’ai besoin d’améliorer mon sens des proportions ainsi que mon travail sur les ombres et la lumière, deux choses sur lesquelles j’essaye de mettre l’accent dans ce petit carnet du quotidien. Comme une petite geek historienne de l’art, je l’ai appelé les petits dessins à la sauvette en référence au livre d’Henri Cartier-Bresson, majeur dans l’histoire de la photographie.
J’ai beaucoup aimé faire ces dessins du quotidien, essayer de capter des gens dans le métro, puis dessiner ma famille. J’ai béni l’existence des téléphones mobiles qui est le meilleur moyen pour que les gens restent parfaitement statiques pendant un long moment. J’ai aussi essayé de dessiner le chat de ma belle sœur, mais j’en suis venue à la conclusion que je ne dessinais pas assez vite pour essayer des positions non ensommeillées. Encore un gros axe d’amélioration de capter plus rapidement les postures.
Depuis que je suis rentrée chez moi et même si j’ai un quotidien beaucoup plus solitaire que pendant mes vacances, je me suis tenue à ce petit dessin par jour en me rabattant sur davantage de natures mortes et j’espère intégrer cette pratique durablement.
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Partager davantage de textes personnels avec un public
Toujours dans cette idée de « travailler mon art », je me suis remise à une écriture quotidienne de fiction depuis que je suis rentrée chez moi. L’idée est de prendre quelques minutes pour dérouler la première pensée qui me vient. Par exemple :
07.01.25. Il y a un champ de fleurs derrière la maison. Si si, je t’assure. Un champ où je vais gambader en robe blanche à volants. J’y cueille des fleurs des champs, évidemment. C’est là que je suis quand tu frappes à la porte et que je ne réponds pas. Quoi ? Tu dis n’importe quoi ! Bien sûr que je ne mens pas ! Tu ne peux pas le voir d’où tu es, parce qu’il est caché par la maison, mais il est bien là, sens son odeur fraîche. Non, je ne t’y emmènerai pas. C’est simple, c’est parce qu’il est à moi.
L’idée est de dérouiller une pratique pour éventuellement en sortir des textes intéressants, mais sans y passer plus de quelques minutes parce que les journées sont chargées. Comme pour tout, il y a des jours avec et des jours sans, des jours où je ne suis vraiment pas inspirée, d’autres où c’est un peu plus facile. Exactement comme avec les dessins du quotidien, je compte sur la somme de ces textes et l’inscription d’une habitude pour que ça produise quelque chose sur ma façon d’écrire. Pour l’instant je ne peux donc pas vraiment vous dire ce que j’en retire, mais j’ai envie de partager davantage ce genre d’écrits avec vous.
Je m’aperçois que si je n’ai aucun problème à publier des articles, des dessins ou des lettres sur Internet, je suis beaucoup plus timide quand il s’agit de publier de l’écriture personnelle (pour la raison principale que j’ai peur que les gens trouvent ça nul, cela va sans dire). Je pense que c’est amplifié par mon rapport à l’écriture romanesque qui est très très très lent et où je ne peux pas partager d’extrait tant que je n’ai pas décidé que le travail sur l’ensemble du roman était terminé. En 2025, j’ai donc davantage envie de partager des textes courts et moins travaillés. En somme, partager plus d’expérimentation littéraire.
Comme pour le dessin, je vois mes faiblesses dans l’écriture. Je trouve par exemple que je manque de vocabulaire et qu’il y a peu de variété dans mes structures de phrases. J’y pense particulièrement en ce moment parce que je suis en train de lire un livre que je trouve très très bien écrit (La sève et le givre de Léa Silhol, dont je vous reparlerai peut-être dans une prochaine lettre). En parallèle des corrections de mon deuxième roman, j’ai donc envie de travailler davantage mon écriture et d’enrichir ma langue en partageant avec vous ce processus.
J’ai créé une lettre dans la lettre qui s’appelle « L’atelier Artistana(r)t » dans laquelle je vais partager, à raison de deux publications par mois, des propositions d’exercice d’écriture pour vous motiver à dérouiller votre propre pratique et vous partager les textes que j’aurai moi-même produits à partir de ces instructions. Je vais privilégier des exercices qui ne prennent pas plus de quinze minutes parce qu’on a toutes et tous des vies bien remplies, même si je m’autoriserai peut-être à vous faire des propositions un peu plus longue parfois. Je profiterai également de cet espace pour oser partager un peu plus d’écrits personnels.
Comme je suis officiellement artiste depuis le premier janvier (j’ai même eu mon premier appel avec l’URSSAF Limousin cette semaine3) et que j’ai hélas besoin d’un revenu pour vivre, ces lettres Atelier seront réservées pour la plupart aux abonné·es payants de la lettre, mais étant aussi attachée à la gratuité, certaines resteront accessibles à tout le monde à raison d’environ une par trimestre. Quoi qu’il en soit, abonné·es payants ou non, j’espère que vous serez partant·es pour vous lancer dans ces exercices d’écriture avec moi et que vous n’hésiterez pas à partager vos textes dans les commentaires.
Quand j’anime des ateliers d’écriture, je dis souvent aux participant·es que le résultat a peu d’importance et qu’il faut plutôt voir les exercices comme un moyen de nourrir sa pratique. Il n’y a pas de fatalité, par moments on trouve ce qu’on écrit complètement nul et par moments on ne se sent plus péter de fierté, c’est la réalité schizophrène de la création artistique. Bref, j’ai arbitrairement décidé que le premier atelier serait envoyé à tout le monde le mercredi 29 janvier et que les prochains exercices suivront toutes les deux semaines. Je suis très curieuse de développer ce nouveau format.
Allez, j’arrête ici cette longue lettre. Je vous souhaite une bonne semaine et bon courage pour l’existence.
À dimanche prochain.
Ces dernières semaines sur le blog
J’ai continué à publier des articles sur le blog pendant mes vacances, je vous fais donc un petit récap : d’abord des illustrations à télécharger pour éventuellement les imprimer sur des t-shirts (mais je sais pas si ça marche parce que je n’ai pas encore eu le temps d’essayer), ensuite le bilan arts du fil et création de mon année 2024 et enfin le pull que j’ai terminé de tricoter le 26 décembre. Je continue cette petite résolution d’illustrer toutes les images de couverture de mes articles en essayant d’y passer le moins de temps possible donc je les trouve souvent râtées, mais c’est formateur.
Il y a un gros sujet chez moi en ce moment sur la question du changement comme drame humain, mais pour l’instant je n’arrive pas à transformer les crises de larmes (tout va bien je suis juste hypersensible) en texte intéressant.
Volontairement car je radote comme tout le monde.