J’ai décidé de répondre à un appel à candidatures pour une résidence
Mais je ne sais pas quoi écrire dedans
La semaine a été très poussive, pleine de doutes, de ratés et de trucs qui n’avancent pas comme il faudrait. Ça fait trois semaines que je vous l’écris, mais j’ai vraiment besoin de vacances. Je n’ai plus de jus et je suis toujours aussi convaincue que les mois de novembre et décembre ne sont pas faits pour travailler.
Cette lettre est l’avant-dernière de l’année avant une courte pause pendant les fêtes, et la 45e depuis le début de ce Substack il y a un an. Je ne sais pas quoi faire de cette information, je crois que je n’ai actuellement pas assez d’énergie pour dresser un bilan d’une année d’écriture hebdomadaire dans vos boîtes mail donc ça attendra le mois de janvier.
Ce que le statut d’artiste-auteur a fait à mon envie d’écrire
Depuis que j’ai déclaré mon activité d’artiste-auteur en inscrivant « illustration » en activité principale, il s’est produit quelque chose d’étonnant1.
Je n’ai pas de hautes ambitions artistiques avec le dessin. Je ne me trouve pas très douée, je suis rarement contente de ce que je fais et si je ne m’étais pas trouvée dans une impasse professionnelle, je n’aurais jamais osé faire semblant de me croire assez de talent pour devenir artiste.
Il s’est passé plusieurs choses depuis que j’ai fait ce choix. Pour rappel, mon activité ne démarrera qu’en janvier 2025 donc pour l’instant il ne s’agit même pas encore d’essayer de gagner de l’argent avec le dessin, mais l’état d’esprit dans lequel cela m’a plongée m’a fait beaucoup de bien. Il s’agit vraiment de faire comme si je pouvais vivre d’une activité diversifiée d’illustration et même si je ne sais pas encore si ce sera vraiment le cas, je me rends compte que j’adore faire ça. Ça fait des années que je veux être artiste. Des années que je travaille à des postes parfois intéressants, qui toujours manquent de l’aspect créatif dont j’ai besoin au quotidien, des postes dans lesquels je me sens amputée d’une partie essentielle de moi. Ça fait des années que ma vie professionnelle est une souffrance, même quand elle se passe bien, parce que quelque chose me manque. Des années aussi que j’enchaîne des CDD pour avoir le temps de créer entre deux contrats.
Comme tout le monde, j’ai besoin de confort, j’aime avoir un salaire qui tombe tous les mois et ne me préoccuper que mollement des trucs administratifs. C’est une évidence et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai mis de côté mon désir d’être artiste pendant des années. Pourtant, alors même que mon indemnisation chômage est terminée et qu’il y a un gros flou sur mon avenir, je ne me suis jamais sentie aussi bien. Le mot à la mode c’est « alignée » et c’est vraiment ça. Je suis là où je dois être, même si cet endroit se trouve malheureusement être ultra précaire2.
2024 a été une année compliquée moralement et qui a connu beaucoup de va-et-vient dont vous avez été témoin. J’avais par exemple décidé de mettre totalement de côté mes ambitions professionnelles d’écrivaine en me disant que ça ne marcherait jamais et de traiter l’écriture romanesque comme un loisir. J’avais même décidé qu’une fois les tomes 1 et 2 des Mirages d’Abalon terminés, je n’écrirais plus de romans parce que c’est trop long et émotionnellement trop compliqué.
Pourtant, depuis que je sais que je serai administrativement en mesure de percevoir des revenus liés à l’écriture en 2025, laissez-moi vous dire que cette décision a vacillé. J’ai commencé à imaginer des projets d’auto-édition pour mon premier roman3, des impressions de zines poétiques à la demande et même des candidatures à des résidences d’écriture.
L’air de rien, l’écriture revient au centre à chaque fois, comme l’ex qu’on n’arrive jamais vraiment à quitter…
Or, l’écriture n’étant pas un pervers narcissique, il est peu-être temps que je prenne en considération la permanence de cette envie d’écrire professionnellement, l’envie que la création littéraire fasse partie de ma réalité. C’est parfaitement irrationnel et plus fort que moi. Ma psy en est témoin, j’ai vraiment essayé de repousser ce désir et de le faire taire cette année, mais il revient systématiquement.
Bon. Puisqu’il force la porte, laissons-le s’installer dans le canapé et voyons ce qu’il se passe.
Postuler à une résidence d’écriture
En début de semaine, j’ai vu passer sur Instagram un appel à candidatures pour une résidence d’écriture à Marseille (le lieu s’appelle La Marelle) à laquelle je peux postuler parce qu’elle n’est pas réservée aux auteurices ayant déjà publié dans l’édition traditionnelle et un nouveau champ de possibilités s’est ouvert devant moi. J’ai très envie de candidater, même si je pense que ça ne donnera rien parce que concurrence, confiance en soi, tout ça.
Cela fait déjà quelques temps que j’ai envie de me lancer dans un projet de roman graphique quand le tome 1 des Mirages d’Abalon sera abouti4. J’aime beaucoup le médium des romans graphiques et j’ai envie de l’explorer, même si je ne sais pas encore de quoi j’ai envie de parler. Je ne m’étais pas trop penchée sur la question du thème parce que je me disais que j’avais le temps avant de terminer mon roman, mais je pense que cette résidence de création (en 2026) pourrait être une bonne occasion de me lancer dans ce nouveau projet.
J’ai commencé à écrire quelques notes, mais comme je vous le disais au début de la lettre, je n’ai plus de jus. En outre, en dehors des corrections des Mirages d’Abalon, je m’étais un peu trop coupée de l’écriture ces derniers mois. J’ai commencé à renouer avec l’écriture poétique en me fixant un créneau par semaine pour une production sans pression, mais je sens qu’il me faut remuscler un peu cette pratique pour me sentir à nouveau inspirée.
C’est fou comme l’inspiration s’alimente de pratique. Quand j’ai voulu me remettre au dessin en début d’année, j’étais face à l’angoisse de la page blanche, je ne savais pas quoi dessiner alors que je déborde d’idées depuis que je pratique presque au quotidien. Avec l’écriture c’est pareil. Fut un temps, j’avais une pratique de l’écriture poétique quotidienne, les idées venaient facilement. Aujourd’hui, le mécanisme est très rouillé et il faut le remettre en route. J’ai jusqu’au 15 janvier (date limite des candidatures) pour le faire donc croisons les doigts pour parvenir à construire quelque chose de chouette.
Dimanche prochain, je vous parlerai de mon programme d’écriture des vacances. Car, oui, ce que je considère comme des vacances c’est écrire un peu tous les matins dans mon lit. Je vous l’ai dit, c’est plus fort que moi...
Je vous remercie de m’avoir lue. Plus que jamais bon courage pour l’existence et à dimanche prochain.
Cette semaine sur le blog
L’article de la semaine passe en revue la série de t-shirts que je me suis cousue dernièrement. Si vous êtes nouvelles ou nouveaux par ici, sachez que je suis passionnée de travaux d’aiguilles et de fait main. Coudre tous mes vêtements est aussi bien un loisir égoïste qu’un projet créatif et politique.
Pas si étonnant que ça en vrai, mais ça m’a quand même un peu surprise.
Je précise ici que je ne me suis pas lancée sans filet : mes contrats précédents m’ont permis de mettre de l’argent de côté pour une année si besoin et je suis soutenue par mon partenaire qui prend à sa charge mon loyer depuis déjà un an. C’est une grande chance, mais ça reste quand même très inconfortable de ne pas pouvoir subvenir à la totalité de mes besoins
Des Traces, disponible gratuitement en ligne à cette adresse (peut-être pour une durée limitée du coup)
Oui, alors que j’avais dit « j’arrête l’écriture romanesque ». Que voulez-vous...
Bravo de tenter ta chance ! C'est marrant moi c'est le dessin que j'avais rejeté mais il est revenu par la porte de derrière 😅.je n'avais pas osé envisager d'être artiste auteur mais la crise COVID est passé par là
Bravo pour ces beaux projets, bravo de saisir une telle occasion !
Quelle formidable évolution en 2024 !! Belle fin d'année à apprécier le chemin parcouru !