Quand j’ai terminé mon CDD le 31 octobre dernier, j’avais un gros objectif pour la fin de l’année. Comme il était peu probable que je retrouve un travail salarié tout de suite (novembre et décembre n’étant pas particulièrement propices aux embauches), j’avais convenu avec moi même que j’allais profiter de ces deux mois de merveilleuse liberté1 pour venir à bout du premier jet de mon deuxième roman.
Je crois qu’une mise en contexte s’impose, car ce deuxième roman, c’est un peu la tapisserie de Pénélope, voyez-vous. Ce roman donc, dont le titre de travail est Le dernier fils, est un projet commencé lorsque j’avais 15 ans et que j’écrivais des histoires d’amour. La première version, écrite entre mes 15 et mes 19 ans était un ramassis de clichés sexistes et racontait l’histoire du dernier fils d’un empereur qui allait devoir choisir entre l’amour et le devoir pour succéder à son père au pouvoir. Spoiler, il allait évidemment choisir le devoir et renoncer à l’Amour au prix de grandes souffrances, en particulier pour le-dit objet de son amour (aka une meuf).
Ce projet aurait pu rester éternellement dans les dossiers d’archive de mon ordinateur, mais je ne sais pourquoi, je n’ai jamais pu tout à fait y renoncer. Peut-être était-ce parce qu’il avait habité beaucoup trop d’heures de ma jeunesse (oui, j’aime parler comme une vieille dame) et que j’étais trop attachée à ces personnages (pourtant extrêmement problématiques). Nous ne le saurons pas.
Toujours est-il qu’en 2017, alors que j’étais dans l’avion pour passer deux semaines à New York dans le cadre de mon doctorat, j’ai décidé de le réécrire. J’avais dû le relire quelques mois plus tôt en me disant que si 80 % étaient à jeter, l’essence pouvait encore être sauvée et, je me suis attelée à la tâche, écrivant le prologue pendant le vol.
Je ne sais plus trop ce qu’il s’est passé ensuite, j’ai abandonné ma thèse, décidé d’écrire un autre roman2 et j’ai travaillé par à-coups sur cette réécriture du Dernier fils (qui faisait quand même déjà 268 pages) jusqu’au mois de juin 2022 où je me suis dit :
« en fait, je fais fausse route avec cette réécriture, je vais la réécrire »
Bref, juin 2022, deuxième réécriture, je garde l’univers et le nom des personnages, mais à ce niveau là c’est une rénovation de l’extrême et je ne garde pratiquement rien des deux premières versions. Je n’ai désormais plus un personnage principal mais trois, l’histoire n’a plus rien à voir, la routine pour l’écrivaine bornée que je suis.
Depuis presque un an et demi, donc, je travaille sur cette deuxième réécriture du Dernier fils. Je me suis rendue compte, que cela serait en fait un roman en au moins deux tomes et je m’étais fixée comme objectif initial de terminer le premier tome au mois de juin 2023. Nous sommes en décembre et si je vous en parle aujourd’hui, vous vous doutez bien que je n’ai pas atteint cet objectif. Je croyais encore à la date butoir repoussée au 31 décembre, mais c’était sans compter le problème de la fin.
Le problème de la fin
En me lisant, vous avez peut-être le sentiment que je suis une écrivaine extrêmement chaotique. Il ne faut pas croire, pourtant, je fais des plans ! Quand je commence un roman, je sais à peu près où je veux aller, j’ai les grandes lignes de la narration et une fin pour les personnages.
Sauf que ces plans soigneusement élaborés sont systématiquement bouleversés. Il y a cette chose de magique avec l’écriture, c’est que je découvre au fur et à mesure ce qu’il va se passer. C’est presque comme si les personnages avaient une vie propre et qu’ils me signifiaient que ce que j’avais prévu pour eux ne pouvait pas fonctionner.
J’ai vécu ça avec l’écriture de mon premier roman. Je croyais avoir mieux balisé les choses pour le Dernier fils, mais tout est toujours aussi flou. Depuis début novembre, j’ai repris très efficacement l’écriture, j’écris tous les jours, j’avance à un excellent rythme, mais je n’ai toujours aucune certitude quant à la fin de ce premier tome.
Sur mes trois personnages principaux, je sais ce que je veux pour deux d’entre eux, mais je n’ai aucune idée de comment arriver à ce moment, et pour le troisième personnage, c’est bien simple, je ne sais plus rien : doit-il rester ? Doit-il partir avec les autres ? Qu’est-ce qui pourrait produire cette décision ? Bref, la grande inconnue. Les semaines passent et je ne peux même pas vraiment dire si j’approche ou non de la fin puisque je ne la connais pas...
Briser des croyances
J’avais aussi envie de vous parler en long, en large et en travers de mon rapport à la peinture aujourd’hui, mais ce sera pour une prochaine lettre car celle-ci est déjà bien longue. Un mot, pourtant, sur une chose qui occupe beaucoup mes semaines d’artiste en ce moment c’est la découverte de l’aquarelle.
Depuis 20 ans, je vivais avec la croyance que je n’étais pas douée en peinture, que j’étais plus à l’aise avec les techniques sèches et que quand je touchais un pinceau, c’était moche.
Il y a deux semaines, j’ai passé outre cette croyance pour me faire un cadeau de Noël en avance et m’inscrire au club d’aquarelle de Vivre et créer pour apprendre l’aquarelle botanique. J’ai commencé à suivre assidûment les cours et peint mon premier sujet botanique samedi dernier. Et là, miracle ! Je n’étais pas nulle, il suffisait juste que l’on m’apprenne.
C’est tout de même fou d’arriver à 37 ans et de croire encore à des choses absurdes comme les dons naturels. Je pensais avoir éradiqué ce genre de pensées, mais elles sont insidieuses et se nichent vraiment partout.
Je vous souhaite donc d’avoir le même genre de révélation et, en cette fin d’année, de vous faire le cadeau de mettre à mal une croyance que vous avez sur vous. Tout s’apprend et rater n’est pas grave, preuve en sont les trois versions chaotiques du Dernier fils !
Je vous remercie de m’avoir lue et accordé votre temps, c’est précieux. N’hésitez pas à répondre à cette lettre, je serai ravie d’échanger avec vous.
Bon et doux dimanche,
À la semaine prochaine :)
Sur le blog cette semaine
Bonjour, si vous ne me connaissez pas encore, je déteste le travail salarié, j’en parlais dans cet article.