Je suis rentrée de vacances lundi soir, après avoir passé dix jours qui m’ont fait l’effet d’un mois.
J’ai beaucoup marché dans la ville, j’ai dessiné, j’ai visité des expositions, des endroits que je connaissais déjà et que je ne connaissais pas. Je me suis nourrie sans arrière pensée, j’ai flâné.
Puis j’ai incarné un personnage pendant une journée entière1 : une bergère mère de famille en 1789 qui se démenait contre ses problèmes d’argent, contre les injustices, qui se sentait écrasée et impuissante. C’était à la fois dépaysant et pas tant.
Je suis de retour et je dois me remettre à travailler, mais il fait chaud, les cigales ont commencé à chanter et tout ce que je veux, moi, c’est vivre au présent et créer.
Il y a quelques années, j’ai participé à un jeu de rôle grandeur nature qui s’appelait « Les derniers jours du monde » dans lequel les personnages se réunissaient pour vivre les dernières heures de la Terre avant l’impact d’une météorite façon Don’t look up (ce film sur Netflix). Iels faisaient un club de lecture pour ces derniers instants. Moi je jouais la grand-mère qui les accueillait chez elle et qui faisait, pour les dernières heures du monde exactement ce qu’elle avait toujours fait.
Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à ça, mais je me suis demandée : si vous saviez que vous viviez les derniers jours du monde, qu’est-ce que vous feriez ?
En ce qui me concerne, je crois que je ne ferais rien de très différent de d’habitude. Je n’ai pas de bucket list2 et je suis plutôt satisfaite de mon quotidien. Un jour après l’autre, je fais des choses que je trouve chouettes et ça me suffit.
Quand je suis rentrée chez moi après dix jours à l’extérieur, j’ai ressenti un contentement tranquille d’être de retour dans mon cocon et je pense aux personnes en exil, à celles dont les colons volent et détruisent les maisons. Cette semaine, j’ai terminé de lire L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie qui parle de la guerre Nigéria/Biafra entre 1967 et 1970, mais qui parle en fait de toutes les guerres, de comment les populations civiles sont traitées, méprisées par les dirigeants de leur propre camp autant que par les ennemis déclarés, du refus qui leur est fait de pouvoir seulement vivre et profiter d’un quotidien tranquille. C’est un dur et beau livre qui fait écho à tous les conflits actuels.
Je l’ai terminé en début de semaine, choisissant comme prochaine lecture quelque chose de plus léger pour l’été (quoique la guerre de Sécession soit aussi en toile de fond) et je me demande un peu à quoi bon vous écrire ces lettres du dimanche sur la vie d’artiste dans le monde qui est le nôtre. En ce moment, cela me fait un peu l’effet d’une indécence.
Ce sont des questionnements cycliques. Ce n’est pas la première fois que je me demande « à quoi bon ? » sans savoir quoi écrire et que je trouve finalement une raison qui m’incite à le refaire. La pause estivale sera sans doute de bons conseils. Il n’est pas du tout impossible que les lettres du dimanche s’interrompent en juillet et août, mais d’ici à ce que je réfléchisse au rythme de l’été, je vous donne quand même rendez-vous dimanche prochain parce que contrairement à ce que cette lettre pourrait laisser penser, j’avance sur pas mal de projets.
Je vous remercie de m’avoir lue, et bon courage pour l’existence.

Les premiers chapitres de mon roman
Depuis quatre semaines, j’ai commencé à publier les trois premiers chapitres de mon roman en cours (Les mirages d’Abalon) dans les lettres de l’Atelier, réservées aux abonné·es premium. Pour 5 €/mois résiliables à tout moment, vous avez accès à ces textes inédits ainsi qu’à de courts exercices d’écriture à faire en maximum 20 minutes.
Le premier chapitre est d’ores et déjà disponible en deux parties ici et là. La première partie du deuxième chapitre sera publiée mercredi prochain. Je suis impatiente d’avoir vos retours dessus.
Sur le blog cette semaine
L’article de la semaine est consacré aux costumes que j’ai cousus pour le fameux jeu de rôle grandeur nature Doléance 1789 que j’évoquais plus haut. Sans conteste mon plus gros projet couture de l’année.
Dans le cadre d’un jeu de rôle grandeur nature